La vérité éclate (RP Nathan)

Ayant terminé sa journée d'études, Sunday décida de se faire un petit plaisir. Cela faisait bientôt deux semaines qu'elle était arrivée et elle voulait s'octroyer un soir seule pour fêter en quelque sorte sa pendaison de crémaillère.

Vêtue d'une robe noire décolletée dans le dos, elle décida d'aller au restaurant. Il était aux alentours de vingt heures lorsqu'elle arriva et se dirigea vers l'entrée afin que le maitre d'hotel lui indique la table qu'elle avait réservée il y a quelques heures. Se retournant pour faire face aux différentes tables, elle palit en apercevant Nathan et son père en pleine discussion. Une onde de rage l'envahit et elle mourut d'envie de rebrousser chemin. Mais elle voulait rester digne jusqu'au bout et surtout ne pas se laisser impressionner par qui que ce soit, fut il l'homme le plus riche de la ville ou de la Terre. La tête bien haute, elle passa devant eux, jetant un regard noir en direction du père de Nathan qui tressaillit en la voyant passer. Cependant elle ne s'arrêta pas et s'installa à la table un peu plus loin. Elle aurait mille fois préferé une table sans que personne ne l'observe mais ce n'était pas le cas. Elle devrait manger tout en sachant parfaitement qu'elle était regardée par l'homme qu'elle haissait le plus après son père.

Détournant le regard, au bord des larmes, elle parvint à conserver les apparences et fit un gros effort en souriant au serveur qui se trouvait près d'elle pour lui demander ce qu'elle désirait prendre.

Bouchée à la reine avec un chablis, ça m'ira très bien. Mais en attendant que l'entrée arrive, pourrais je avoir un verre de vodka s'il vous plait? Sans glace.

Hochant la tête, le serveur le lui apporta de suite. Pour se donner du courage, Sunday le but cul sec.

Son père était en ville et cela voulait dire : Affaires et dîner. Ainsi il avait mit un de ses plus beaux costumes et s’était rendu au restaurant ou ils s’étaient donnés rendez-vous. Pendant un léger instant l’idée de parler de son entrevue avec Sunday l’avait enfleurait les idées, mais finalement non. Il ne voulait pas parler de ca. C’était comme ci il faisait plus confiance à une briseuse de cœur qu’à son propre père ! Non, il ne parlera pas d’elle. Pas ce soir, même jamais. Se persuadant d’oublier complètement cette femme, il rentrait dans le restaurant. Son père l’attendait déjà… Bien sure, il était toujours avant l’heure, contrairement à Nathan qui était presque toujours en retard. Presque toujours… car aujourd’hui il ne l’était pas. Il sourit en voyant son père et peu de temps après ils étaient entrain de parler de la famille qui vivait à présent dans une grande métropole allemande. Il l’écoutait tout en buvant de son verre. Mais son regard devenait noir lorsqu’il la voyait rentrer. Elle avait du cran à oser se parader ici. Alors que tout le monde en ville connaissait très bien sa réputation, elle ne semblait pas se gêner pour rien. Il n’y avait qu’à voir sa robe. Ravissante mais oser. Nathan détournait très vite son regard, faisant comme ci elle n’existait pas. Et à vrai dire, il voulait à tout prix qu’elle arrête d’exister et de vivre à Britzingen. Il plongeait son regard vers l’entrée. Le regard de son père l’intriguait légèrement, mais il se disait qu’il était entrain de penser de trop à cette histoire qu’avait raconté Sunday. Ainsi il commencait à parler de l’argent, un sujet qui retenait toujours l’attention de son père. Toujours… mais pas aujourd’hui. Il avait du mal à détacher ses yeux de Sunday. Et d’ailleurs après que le serveur avait reprit l’entrée, Mr. Heylen se levait et se dirigeait vers la table de la jeune femme, murmurant une légère excuse à son fils qui ressemblait à :

-Je reviens. Il me semble qu’il y a encore une affaire que je dois éclaircir. Attend moi ici.

Bien qu’il était curieux de bien savoir de quoi il parlait, il se contenta de rester assis. Se demandant bien ce qu’il pouvait aller dire ou de quoi il pouvait parler avec Sunday. Est-ce qu’il y avait une part de vérité en ce qu’elle lui avait dit ? Non sinon son père n’aurait pas osé aller la voir si ouvertement. Mr. Heylen s’approchait de Sunday, tossant légèrement il finit par dire.

-Mademoiselle Adams, est-ce qu’on n’avait pas un accord ? Que faites vous en ville ? Je présume que vous n’êtes qu’en passage et que vous n’allez pas rester plus qu’une nuit ici ?

Serrant le verre vide de vodka, Sunday se retint de ne pas commander la bouteille. Il était très rare qu'elle boive mais ce soir, c'était réellement exceptionnel. Alors qu'elle tentait de trouver une distraction ailleurs pour oublier les personnes qu'elle n'aurait pas voulu du tout voir durant le reste de son existence, elle entendit un toussotement léger et resta sur le coup de la surprise en remarquant que le père de Nathan se trouvait face à elle. D'une voix sèche, elle répondit le toisant dans les yeux.

Vous faites erreur. Je n'ai nul accord avec vous. Vous en aviez un avec mon père et avec ma mère. Or, je ne suis plus en contact avec mon père et ma mère est morte. Il devient par conséquent évident que le contrat que vous aviez passé avec eux est bel et bien rompu. Vous avez abusé d'eux en vous servant de votre sale fric mais moi, vous ne m'aurez pas plus que vous ne m'avez déjà eu. Je fais bien sur réference à notre nuit passé ensembles. Et j'ai le plaisir de vous informer que je n'ai nullement l'intention de quitter la ville, quelle que soit la somme d'argent que vous pourriez me donner pour cela.

Le serveur venait de lui ramener la bouteille de chablis. Se servant un verre, elle le jeta au visage de son interlocuteur sous le regard choqué du serveur. Se penchant alors vers lui, elle lui murmura à l'oreille.

Je vous execre et je vous jure que vous pourrez tout faire pour me faire partir d'ici, il vous faudra me tuer pour que je quitte cette ville.

Se levant de table, elle sortit pour prendre l'air, étouffant littéralement. L'adrénaline retomba une fois à l'extérieur. Tremblante et pleurant de nouveau, elle chercha ses cigarettes dans son sac ainsi qu'un briquet mais ne parvint pas à allumer, sa main tremblant trop. Elle poussa un cri de stupeur quand elle vit le père de Nathan arriver et la prendre par le bras. Il la tira jusqu'à la ruelle toute proche et la gifla de toutes ses forces, la faisant tomber à genoux. Puis lui tirant ses cheveux vers l'arrière, il l'embrassa de force malgré ses efforts pour le repousser.

Pas censé bouger de sa place…. Il observa la scène en silence, se demandant bien ce qui pouvait se passer. Ca fut à sa grande surprise qu’il vit Sunday verser le contenu de son verre sur son père. Stupéfait, il s’était relevé, mais Sunday avait déjà prit le chemin vers la sortie du restaurant. Nathan tournait son regard questionneur vers son père, qui soupirait, mais qui bouillait de rage.

-Je t’explique ce qui est arrivé tantôt… Je vais d’abord… essuyer tout ca.

Il prit la direction des toilettes laissant Nathan stupéfait seul. Il se rassoit et commencait vraiment à se poser des questions. Commandant quelque chose de bien fort, importe ce que c’était…. Tant que c’était le plus fort qu’ils avaient, il plia légèrement les yeux, tout en réfléchissant. C’est alors qu’il remarqua son père filler vers la sortie. Qu’est-ce qu’il faisait ? Nathan se relevait et le suivait. A la sortie du restaurant… aucune ne trace de son père. Mais ou est-ce qu’il était passé ? C’est alors qu’il entendit des cris dans la ruelle, courant d’où provenait les cris, il s’arrêtait brusquement lorsqu’il voyait Sunday et son père… s’embrasser. Non mais il était entrain de rêver ? Stupéfait mais dégouté, une certaine rage commencait à l’envahir. Des mensonges…. Nathan détestait les mensonges plus que tout. Puis il repensait à sa mère. Il n’avait jamais été fort proche de sa mère, toujours plus proche de son père. Néanmoins il ressentit une certaine trahison face à cette relation qu’il pensait être pure. Envahit d’une rage aveugle, il atrapa son père par son cou et le jetait à terre.

-Tu te fous de moi !?! Tout les deux !? Vous vous foutez vraiment bien de moi !?

Il aidait son père à se relever, à vrai dire, il l’aidait pour lui donner un bon coup de son poing droit au visage, le poussant une deuxième fois à terre. Oui, il était en colère. A vrai dire, Nathan avait toujours été quelqu’un de très colérique et d’agressif. On avait toujours su le calmer en lui donnant plus de cadeaux, lui donnant tout ce qu’il voulait. Mais à présent, qu’est-ce qu’il pouvait bien lui donner pour le calmer ? Prenant son père par sa cravatte, le plaquant contre le mur.

-Depuis quand est-ce que ce petit jeu dure ?! Tu me dégoutes !! Tu as pensé à maman ?!

Lui donnant un dernier coup, qui lui petait le nez car un jet de sang sortait, Nathan finit par le lâcher et à se retourner, rentrant à nouveau dans le restaurant. Pendant tout le temps il n’avait pas prêté un regard à Sunday. Ses yeux étaient remplit de haine et de colère, sa chemise était à moitié ouverte et ses mains étaient remplit de sang de son père. Il prit sa veste, sans dire un mot et quittait le restaurant, se dirigeant vers sa voiture.

La maintenant pour qu'elle cesse de se débattre le père de Nathan ne cessait de l'embrasser jusqu'à ce que Sunday sentit qu'il n'était plus là. Se relevant aussi prompte que l'éclair, elle se sentait salie mais ce sentiment fit place à la surprise en voyant Nathan qui avait frappé son père. C'était à son tour de se retrouver par terre. Les coups pleuvaient mais il y avait méprise car Nathan pensait à tort que tous les deux avaient une liaison. D'accord, Sunday couchait à droite et à gauche mais avec cet immonde gros porc, jamais.

Durant tout le temps qu'il frappait son père, Nathan ne l'avait pas regardé une seule fois. Il n'aurait d'ailleurs pas pu voir quoi que ce soit, Sunday s'étant placée dans l'ombre, tapie entre le mur et une poubelle, sanglotant et tremblant. Elle le vit partir, furieux vers sa voiture. Ne pouvant pas rester près du père de Nathan elle courut derrière lui et le rejoignit à sa voiture, trébuchant. Elle le retint par le bras et le forca à la regarder. Elle s'adressa à lui d'une voix tremblante.

Nathan, je t'en prie, crois moi. Ce n'est pas du tout ce que tu croies. Tu penses sincèrement que j'aurais le nez en sang si j'avais une liaison avec ton père? Je t'ai dit la vérité, pourquoi refuses tu d'admettre cela? Tu ne peux pas me voir autrement que comme une trainée?

Elle se mordait la lèvre, les yeux suppliants de la croire. Elle poussa un cri de terreur en voyant le père de Nathan sortir de la ruelle et se rapprocha du jeune homme. Mr Haylen éclata de rire en la voyant.

Ainsi donc, tu va te la taper à ton tour. Tu as raison fils, c'est un excellent coup. Comment pourrait il en être autrement? C'est moi qui lui ai tout appris. Mais je suppose que tu es déjà au courant.

Elle avait eu le culot de le suivre. Ou est-ce qu’on appelait ca du courage ? Peu importe le nom qu’on donnait à ce sentiment, elle l’avait arrêté et était presque entrain de supplier de le croire. Ou est-ce que la méchante Sunday qu’il avait rencontré quelques jours au paravent plein de venin était donc passé ? Il retira brusquement son bras.

_Tu vas peut-être me dire que me briser le cœur t’a fait mal au cœur ? Je n’ai jamais pu te voir comme une trainée…. Maintenant si.

Douche froide en retour pour Sunday. Elle l’avait blessé plusieurs fois et pas un petit peu. De plus Nathan était tellement en colère, que c’était à peine qu’il s’était contrôlé. Son visage allait vers l’homme qui sortait des ruelles. Ainsi donc il avait aussi le culot ou le courage de l’avoir suivit. Et non seulement voila qu’il se mit à rire ! Tout ce qu’il fallait pour pousser Nathan à bout. Mais ce n’était pas tout, car voila qu’il commencait à l’ouvrir. Nathan le regardait, serrant ses poignées. Il posa un court instant sur Sunday, suite aux paroles de son père. Puis se jetait pour la deuxième fois sur son père, le plaquant à terre. Cette fois-ci Mr. Heylen avait réussit à anticiper le geste de son fils et à arrêté son bras avant qu’il atteigne sa cible, poussant Nathan violement contre le sol, ce dernier grimaçait en touchant lourdement le sol avec sa tête, mais un coup de pied dans l’estomac de son père et il finit par se relever. Une accroche brutale droite et son père tombait également à terre. Nathan se relevait et dégouté il lui dit.

-Je n’en doute pas qu’il a apprit tout de toi Alan…. Mais je ne pense pas savoir la toucher maintenant que je connais la vérité. Vous me répugnez tout les deux.

C’était bien la première fois qu’il appelait son père par son prénom. Mais il venait à juste prix perdre son titre de père. Il essayait de se calmer, mais c’était plus facile à se dire qu’à faire. Les mots de Sunday prononcé il y a quelques jours lui refirent en tête, la scène à laquelle il avait pu assister dans la ruelle et puis les mots prononcés par son père, comme un type vulgaire manquait toute courtoisie. C’était qui cette homme ? Son père ? Non, son père l’avait toujours éduqué avec un respect envers les autres. L’homme qui saignait du nez n’était pas son père. Il sortit ses clés de sa poche et ouvrait la portière de sa voiture. Il devait partir d’ici au risque de tuer son propre père.

Les coups n'étaient rien comparés à ce que Nathan venait de lui dire. Sunday aurait préféré retourner chez son père à se faire violer par tous les salauds de la terre plutot que d'entendre cela.

Demeurant sous le choc de ce qu'il venait de lui dire, elle n'eut aucune réaction suite à ce qu'il venait de répondre à son père après son injective. Ou était la Sunday forte que rien ne pouvait abattre? Il suffisait donc d'un de ses cauchemars du passé pour son apparence de femme forte s'effondre comme un chateau de carte. Elle savait que si elle s'était trouvée à la place de Nathan, elle aurait agi de même mais il aurait pu au moins avoir un peu foi en elle. Ce que venait de dire son père ne semblait pas l'atteindre, il ne semblait pas comprendre qu'il venait de lui avouer ce qu'elle lui avait révelé quelques jours plus tôt.

Voyant le regard de Nathan, elle le laissa ouvrir la portière. Il aurait été capable de la frapper si elle se serait interposée pour l'en empêcher. Ne sachant que faire, elle s'éloigna le plus possible d'Alan Heylen. Mais les mots pouvaient tout de même l'atteindre.

Je ne regrette pas ce que je t'ai fait à tes huit ans. Mais j'aurais dû te tuer après, espèce de sa**pe. Si tu étais morte, j'aurais encore mon fils avec moi à l'heure qu'il est, lui dit il, de la haine dans la voix et dans le regard. Folle de rage d'entendre cela, Sunday sembla sortir de sa torpeur. S'approchant de lui, elle se mit à le frapper, le frapper encore au visage, au ventre, tout partout où elle pouvait l'atteindre, sans parvenir à s'arrêter même après qu'il fut inconscient sur le sol.

Il était hors de lui-même. Nathan était monté dans sa voiture et avait démarré sans encore jeter un regard sur Sunday ni sur son père. Il ne voulait tout simplement plus les voir. Alors qu’il quitte le parking du restaurant, il remarquait que ce ne fut pas son père qui battait Sunday mais l’inverse, elle s’était litteralement jeté sur lui. Regardant toujours par son retro viseur, il remarqua que son père ne se levait plus, alors que Sunday continuait à frapper. *Et Merde !*. Elle allait encore le tuer si elle continuait ainsi et devinez donc sur qui toute cette histoire allait tomber ? Celui qui avait bien sure son sang sur ses mains. Mettant la voiture en marche arrière, il recula, jusqu’à arrivé à la hauteur de Sunday. Ouvrant la portière, il l’attrapait par l’arrière, la faisant reculer de son père qui était inconscient.

_Arrête… Ca ne sert à rien de le frapper, tu ne le touches pas. Même à travers moi tu n’as pas réussit à le toucher.

Jamais son père n’avait su que son fils avait eu le cœur brisé à cause de Sunday. Trop fière, le jeune Nathan avait préféré se taire. Il posa son regard sur son père inconscient. Que faire ? Appeler une ambulance ? Et leur expliquer quoi ? Désolé j’ai battu mon père et après c’est la jeune femme qui l’a attaqué ? Oui… Jolie tout ca… Ca allait d’ailleurs atteindre le journal local. Se tournant vers Sunday, il finit par lui dire.

_Bravo. Et maintenant on fait quoi ? Tu as envie de le ramener chez toi ou tu préfères peut-être téléphoner à l’hôpital et leur expliquer tout ?

Il soupira, ouvra le coffre de sa voiture et prit le corps de son père pour l’y mettre. Refermant le coffre, il croisa un court instant le regard de Sunday. Il n’avait pourtant pas à expliquer son geste et pourtant il le faisait.

_J’ai nullement envie d’avoir à m’expliquer aux médecins. De plus le laisser ici pourrait signifier sa mort. Et je ne suis pas prêt à avoir un cadavre sur la conscience. Toi peut-être, mais moi pas. J’ai trop à perdre.

Oui, même si elle avait du mal à y croire, il avait trop de choses à perdre. Toute sa vie à vrai dire. Il ouvrait la portière, se tournant vers elle, il lui dit sur un ton impatient.

_Tu montes ou tu restes ici ?

Le frappant encore et encore, les poings de Sunday étaient maculés de sang. Le sien par ses jointures ensanglantées mais aussi celui d'Alan Heylen qui gisait inconscient par terre. La seule chose qui l'arrêta fut Nathan qui la stoppa en la rejettant en arrière, justifiant ce geste en disant que cela ne servait à rien.

Totalement perdue, elle resta à moitié dans les vapes tandis qu'il expliquait qu'il valait mieux ne pas l'emmener à l'hôpital pour la simple raison qu'il avait trop à perdre. Sunday ignorait de quoi il parlait, supposant qu'il s'agissait de sa réputation. A part ça, son chien et son travail, il n'avait rien. Du moins, il n'en avait pas parlé lors de leur dernière "discussion".

Le voyant mettre son père inconscient dans le coffre, Sunday lui jeta un regard éperdu. Qu'allait il faire une fois qu'il reprendrait connaissance? Allait il lui faire avouer la vérité une fois pour toutes? Cela permettrait peut être enfin à Nathan de savoir tout ce que son père lui avait caché et qu'elle avait tenté de lui dire sans qu'il ne la croie. Elle était toujours à genoux sur le sol quand il lui demanda si elle venait ou restait ici. Entre les deux, elle préferait encore venir avec lui. A l'issue de cette soirée, elle prendrait sa décision. Si enfin Nathan acceptait de la croire, elle pourrait envisager de rester. Sinon, elle referait sa vie ailleurs. Même si cela lui faisait mal de quitter Britzingen, cette ville où elle avait été tant heureuse, elle ne pouvait plus supporter ces visages de haine, s'il n'y en avait pas un seul qui lui montrait qu'il la croyait. Elle grimpa alors dans la voiture et referma la portière. Durant tout le trajet, menant à une destination inconnue, elle ne cessa de frotter ses mains l'une contre l'autre pour tenter d'en oter le sang.

Elle montait dans la voiture et Nathan démarra. Le trajet se passait en silence. Nathan était bien trop énervé pour dire quoi ce soit. D’ailleurs mieux fallait pas du tout parler. De temps en temps, il jetait un regard sur Sunday, qui essayait par-dessus tout enlever le sang de ses mains. Après un bon quart d’heure de route, ayant laissé Britzingen derrière lui, il finit par arriver chez lui. Sunday n’avait jamais vu sa maison et dans des circonstances différentes il aurait surement été ravie de la lui montrer, mais pas maintenant. Il ouvra sa portière, prit le corps inconscient de son père et rentrait dans sa villa. Il finit par le déposer sur le canapé, grand effort, car il avait plutôt envie de le jeter dans la cave parmi les rats, là ou il avait sa place, mais il se retenait. Il quitta le salon sans dire un mot et montait à l’étage, ou il prit quelques bandages et un désinfectant. Voila qu’il était entrain de soigner la plupart des blessures qu’il lui avait fait. C’était d’illogique complet ! Redescendant, il posa son regard sur Sunday un très court instant, mais ne lui dit rien. S’agenouillant près de son père, c’est avec difficulté qu’il soignait ses blessures. Plus envie d’aggraver sa situation qu’autre chose. Finalement il se relevait et allait vers la véranda. Il n’allait pas rester dans le salon à attendre que ce salopard se réveille. Ca s’était demandé de trop. Passant à côté de Sunday, sans faire attention à elle, il prit son paquet de cigarettes et sortait. L’air frais lui faisait du bien, la vue sur le lac le calmait légèrement. S’installant sur une chaise, il commencait à fumer, essayant de retrouver un peu son calme. Mais la rage bouillait toujours en lui et elle était loin de partir.

Durant tout le trajet, pas un mot ne fut prononcé, révelant le silence opressant qu'il y avait entre Nathan et elle. Sunday avait envie de mourir rien qu'en songeant à tous les évènements de sa vie mais quelque chose la retint de le faire. Non, elle n'était pas lache au point de partir comme ça. Même si c'était la dernière chose qu'elle ferait de toute sa vie, elle révelerait la vérité au grand jour et tous ces immondes ordures qui lui avaient fait du mal en payeraient le prix fort. Non, pas la prison mais le mépris et le dégout dans les yeux des habitants de la ville d'avoir abusé d'une fille entre ses huit et ses onze ans.

Arrivant chez Nathan, elle descendit au bout d'un long moment et le laissa se charger de son père toujours inconscient. Prenant place sur une chaise, elle le regarda faire sans le voir, tandis que Max était à ses pieds, poussant de petits gémissements.

Nathan parti, Sunday se leva à son tour. S'autorisant à prendre le plaid qui se trouvait sur le canapé, elle s'enroula dedans et sortit pour tenter de se calmer un peu. Fermant la porte derrière elle afin d'éviter que Max ne s'enfuit, elle resta dehors , appuyé contre le mur et finalement se laissa glisser contre la paroi, pleurant encore et encore. Jamais elle n'avait autant pleuré de sa vie, hormis peut être le premier soir où son père lui avait pris sa virginité.

Pourquoi? Pourquoi est ce qu'il faut que cela m'arrive? N'ai je pas donc assez souffer comme ça? injectiva t'elle le ciel en criant et sanglotant. Je veux oublier ce passé qui me dégoute mais vous devez bien vous marrer en me le foutant en pleine gueule.

Bien qu’elle ne fût pas près de lui, il pouvait l’entendre. Les environs étaient si calmes, qu’on pourrait même entendre une fourmi marcher. Mais Nathan ne bougeait pas en entendant la douleur de Sunday. Il était trop occupé à ranger ses propres pensées. De plus qu’il souffrait énormément et qu’il n’était pas en état de la voir et de la rassurer que tout allait bien se passer. Il ne savait d’ailleurs pas s’il saurait lui pardonner un jour. Une chose est sure son père il ne pourrait jamais pardonner. Dans un soupir, il écrasa sa cigarette avec son pied et se relevait. Contournant la véranda pour aller près de Sunday. Il l’observait alors qu’elle pleurait. Son cœur restait de glace. Il avait cherché tellement longtemps une manière dont il pourrait la faire souffrir comme elle lui avait fait et voila qu’il avait découvert le point faible de Sunday Adams… Le souvenir de son père et étrangement elle semblait avoir eu vraiment peur de ce dernier. Restant contre le mur, il finit néanmoins par parler.

_Tu penses qu’ils t’écoutent ? Je ne crois pas en Dieu et encore moins dans l’amour. On se demanda qui m’a apprit ca….

Il était rancunier et la scène dont il venait d’assister était loin de l’avoir adoucit. Croisant ses bras, il regardait Sunday. Elle avait bien changé. Elle était presque pitoyable à regarder. Ou est-ce que le serpent se trouvait ? Il n’y avait que là une petite fille perdue. Il aurait eu pitié d’elle, si il n’avait pas été touché de si près par tout ca.

_Je veux la raison de ton départ. La vraie raison et non l’officielle. Pourquoi est-ce que tu es parti de Britzingen ? Et pourquoi est-ce que tu es de retour, alors que tu détestes mon père et que tu savais qu’un jour ou l’autre tu allais le voir ici.

Il ne voulait ni parler de ce qu’il avait vu dans la ruelle, ni de ce qui s’était passé dans le passé. Il voulait juste connaître les raisons de sa venue et de son départ. Est-ce que son père l’avait payé pour partir ? Est-ce qu’elle était revenu pour le faire payer à son père ? Ou est-ce qu’elle voulait de l’argent ? Nathan avait du mal à croire qu’elle voulait vraiment être à Britzingen.

La remarque de Nathan, l'ayant rejoint, n'eut aucun effet sur Sunday. Elle ne croyait pas en Dieu non plus. C'était plus aux étoiles qu'elle s'adressait à cet instant précis. Il lui fallait bien trouver quelque chose vers qui se tournait et elle n'avait trouvé que ces lumières venues de loin.

Restant sur le coup de ce que lui demandait Nathan, elle secoua la tête négativement. Il ne pouvait pas lui demander ça. C'était la seule question qui lui faisait peur, à laquelle elle n'osait pas répondre. Mais pourtant, elle allait le faire. Et tant pis s'il brisait son coeur, elle n'en avait plus rien à faire désormais. Elle le regarda, la tête haute même si les larmes coulaient toujours le long de ses joues.

Si ...Si jje ssuis partie, c'est d'une part parce que ton père avait payé ma mère pour qu'elle m'emmène avec elle à Berlin loin de toi. Il avait vu que nous nous étions rapprochés et ne voulait pas que je t'avoue la vérité sur le fait qu'il ... Mais dans tous les cas, je serais partie tout de même. Parce que ....

Elle souffla un peu afin de se donner du courage. Pourquoi donc les mots étaient ils si durs à dire quand il s'agissait de son coeur?

Tu veux la vraie raison de mon départ? Pour la première fois de ma vie, j'étais tombée amoureuse. Et ce sentiment me terrifiait. J'avais la trouille parce que je ne voulais pas connaitre ce sentiment qui fait si mal. J'ai pu en constater les effets quand ma mère a quitté mon père. Alors, je ne voulais pas que ça m'arrive et je me suis éloignée. Pendant dix ans, j'ai couché avec des tas d'hommes pour tenter d'oublier ce garçon. Je savais que je lui avais brisé le coeur mais je pensais qu'il finirait par s'en remettre. Comment aurais je pu savoir qu'il n'aurait plus eu foi en l'amour? Je suis désolée Nathan. Tellement. J'ai eu le coeur brisé de devoir partir. Je ne suis pas revenu pour que tu m'accordes une seconde chance, non. Je vois très bien et je comprend tout à fait que tu ne veuilles pas me l'accorder. Mais si je suis revenue, c'est pour être près de toi, te voir chaque jour, même si on ne se parle pas.

Elle baissa la tête, avalant sa salive pour continuer.

Mais j'ai eu tort. Alors je vais repartir et cette fois définitivement. Il est clair que tu seras le seul pour qui j'ai éprouvé de l'amour mais je comprend ta réaction. Je te rend ton plaid Nathan et je te souhaite bonne chance dans la vie.

Elle ajouta le geste à la parole lui laissant le plaid et se dirigea lentement vers la route afin de marcher jusque Britzingen. Non pas qu'elle espérait que Nathan la retiendrait, car elle n'y croyait pas une seule seconde, mais la fatigue l'empêchait d'aller plus vite.

Les bras croisés, il la regardait et l’écoutait. Si il avait eu une douche froide il y a quelques jours en la revoyait et dans la ruelle, les mots qu’elle prononçait étaient les plus pires. Comment est-ce qu’elle osait lui dire ca ? Lui parler d’amour perdu, lui dire qu’il était la seule qu’elle avait aimée. Mais qu’elle avait juste eu trop peur de se l’avouer. C’était une plaisanterie qui faisait plus mal qu’autre chose. Décidément Sunday savait ou il fallait pousser pour lui faire mal. Elle venait de le montrer à plusieurs reprises. Et voila qu’elle commencait à s’excuser. Mais il ne voulait pas d’excuses ! Puis elle y ajoutait que c’était pour être près de lui qu’elle était revenue. Il la regardait stupéfait.

_Tu… te fous de moi là ? Tu oses me parler d’amour et t’excuser pour ton comportement, alors qu’il y a encore quelques jours tu me crachais encore du venin à la figure ? Et que maintenant je t’ai vu avec mon père…. Tu n’as donc pas encore eu assez ? Tu as mit pour la deuxième fois mon monde à l’invers !

Elle finit par lui dire au revoir, lui souhaitant bonne chance dans sa vie… Oui sa vie… Il se demandait comment il était supposé réagir maintenant avec son père, avec son frique…. Elle partait et lui était trop con pour lui courir après. Il avait du mal à la croire. Il le voulait réellement, mais après tout ce qui venait de se passer, il avait tout simplement peur de se tromper et de se faire piéger une deuxième fois et cela par la même personne. Néanmoins, il n’allait pas la laisser s’en sortir aussi facilement. Ainsi il lui courait quand même après, mais pour une raison différente. Il finit par la rattraper et se postait devant elle.

_Si tout ce que tu m’as dit est vrai. Alors il faut que tu saches, que le garçon dont tu étais amoureux est parti. Il n’existe plus Sunday et il ne reviendrait jamais.

Les années avaient passés et Nathan avait changé, physiquement et psychologiquement et on ne pouvait pas retourner en arrière. Ses gouts avaient changés, son caractère était venue plus dure, plus méchant même, malgré le fait qu’il pouvait se montrer gentil de temps en temps.

_Et le nouveau Nathan ne te laisse pas partir aussi facilement. Il y a encore quelqu’un dans mon salon dont on doit s’occuper. Car il n’y a pas que moi dans cette histoire et je refuse de m’en occuper tout seul. Aussi pénible qu’elle risque d’être, il faut que je connaisse la verité. Et pour cela j’ai besoin de lui… mais aussi de toi.

Pour quitter cet endroit, Sunday aurait voulu avoir des ailes. Elle en était presque venue à détester Britzingen, ce lieu ou elle avait pourtant connu tant de bonheur et s'était remise à espérer et croire en l'amour. Mais elle avait trop fait souffert la personne à qui elle tenait le plus, la seule pour qui elle était revenue ici. Alors qu'elle pensait en avoir terminé définitivement avec toute cette souffrance, voila qu'il en rajoutait une couche en se postant devant elle, mettant une nouvelle fois son coeur au supplice.

Je comprend et je l'accepte, Nathan. Mais dans ton regard, j'ai vu que le garçon que j'ai connu était toujours présent. Quand tu m'as revue, quand nos regards se sont croisés, il y a quelques jours, je l'ai tout de suite su. Tu as beau dire ce que tu veux, je le sais moi, qu'il reviendra un jour. Tu dis que tu as besoin de moi mais pourtant, quand je te dis la vérité, tu refuses de me croire. Que veux tu que je fasse de plus? Que je me mette à genoux? Que je meure pour qu'enfin tu me croies? Je ne suis même pas sûre que tu y parviendrais. Et pourtant, je ne te mens pas. Tu préfères imaginer que je suis avec ton père. Pour toi, je suis coupable quoi qu'il arrive. Alors, pour la vérité, demande à ton père, il t'embobinera encore et t'empaquettera encore un beau mensonge en cadeau comme lui seul sait le faire. Moi j'abandonne. Et sache que malgré tout, quel que soit l'endroit où je me trouve, il y aura toujours cette part au fond de moi qui ne renoncera jamais à t'aimer.

Une pluie fine commenca à tomber. Secouant la tête, elle finit par la baisser.

Tu ferais mieux de rentrer chez toi. Tu vas être trempé à rester ici.

Il la regardait. Il y a des années de ca, il avait rêvé qu’elle revienne et lui demande de le pardonner, qu’elle lui dit l’aimer de tout son être. Mais les années étaient passées, et son espoir s’était envolé. Et voila que dix ans plus tard, elle lui disait tout dont il avait rêvé. Mais c’était trop tard. Il ne voulait pas s’ouvrir à nouveau. Elle avait beau à y croire, il le refusait. D’ailleurs c’était presque hylarique lorsqu’on y pense. Voila que celle qui lui a brisé le cœur, parlait d’amour. Alors qu’il y a dix ans c’était lui qui lui avait parlé d’amour et de bonheur. Le monde semblait tourner à l’envers. C’est vrai que dans ces yeux elle était coupable. Mais pas pour la raison qu’elle pensait. Elle se trompait si elle pensait qu’il n’avait pas comprit qu’elle n’était pas en couple avec son père. Il l’avait comprit à l’ instant où son père était sorti de la ruelle et qu’il se mit à rire et sortir des paroles qu’il n’aurait jamais pensé sortir de son père.

_Tu te trompes Sun’. Je sais que tu n’es pas en couple avec mon père. Mais si tout ce que tu m’as dit est vrai, cela ne changes rien au fait que tu m’as menti et que tu t’es utilisé de moi. Au fond je ne sais pas qui d’entre vous deux est le pire. Celui qui est totalement différent de l’homme que j’admirais et respectais. Ou celle qui m’a manipulé pour attendre mon père ?

Est-ce qu’elle se pensait vraiment mieux que son père ? Certes il avait utilisé son argent pour obtenir ce qu’il voulait mais elle utilisait de ses atouts féminins pour obtenir ce qu’elle voulait. Oh, Nathan savait très bien que tout ce que son père avait bien pu lui faire n’était pas pardonnable. Mais en voulant prendre sa vengeance sur lui, elle s’était abaissée à son niveau.

_C’est parce que je ne veux pas entendre encore plein de mensonges que je veux vous avoir tout les deux dans la même pièce. J’ai pas envie qu’il me raconte des salades et que je dois lire entre les lignes.

Il la prit par le bras et la regardait.

_Tu n’as pas le choix, Sun’. Je ne te laisserais pas partir avant que toute cette histoire est tiré au clair.

Et tu n'en aurais pas fait autant toi? Imagine qu'un homme abuse de toi, qu'il te terrifie et te menace à chaque seconde. Qu'il te détruise jour après jour faisant de toi quelqu'un que tu execres au plus haut point, que par sa faute, en te regardant dans le miroir, tu as envie de vomir. Dis moi que tu n'aurais pas cherché à te venger. Je n'avais pas le choix, Nathan. Si je voulais continuer à me regarder dans une glace et à paraitre digne, il fallait que je le fasse. Je ne me cherche pas d'excuses mais je n'ai jamais voulu te faire de mal à toi. C'est à lui que je voulais en faire et qu'il en crève. Mais tu ne peux pas savoir ce que c'est. Ce n'est pas toi que ton père frappait. Ce n'est pas toi qui a commencé à subir tous ces hommes dans ton lit à l'âge de huit ans. Tu ignorais tout ça, toi, tu vivais dans le luxe et l'opulence sans réaliser que ton père était un monstre. Quand je suis venue à Britzingen, j'ignorais au départ que tu étais son fils. Ce n'est que quand je l'ai revu avec toi que j'ai compris.

Elle secoua la tête, ses cheveux trempés par la pluie volant en tout sens.

Pourquoi a t'il fallu que ce soit vers toi que mon coeur aille? Pourquoi? Dès le moment où mon plan s'est mis en place, mon coeur s'est brisé de devoir te faire souffrir. Le regard que tu m'as lancé quand je t'ai laissé seul, je crois que je ne parviendrais pas à supporter un seul regard comme celui ci de ta part sous peine de me jeter dans le lac.

Malgré tout ce qu'elle venait de lui dire, Nathan ne renonca pas à savoir la vérité. La serrant fortement au niveau du bras, il lui dit qu'elle n'avait pas le choix. Elle le supplia du regard.

Je t'en prie, Nathan, non. Je ne veux pas me retrouver dans la même pièce que lui. Ne me fais pas ça, je t'en supplie.....

Peine perdue car il semblait ne pas l'avoir écoutée. D'une main de fer il la ramena à la villa et la laissa dans le salon. Refusant de regarder Alan Heylen, elle ferma les yeux. C'était un cauchemar, ça ne pouvait pas être autre chose.

C’est vrai que sa vie à lui avait été remplit de luxe, d’amour et de cadeaux. Il n’avait jamais eu quelque chose à se plaindre jusqu’à maintenant. La vérité qui éclate aux grands jours, cassant tout ce dont il avait tenu et à quoi il avait cru. Oui, l’ouragan Sunday avait fait des ravages. Il la regardait, jamais il avait vraiment connu son histoire, jamais elle avait prit la peine de la raconter. Jamais jusqu’à maintenant. Est-ce qu’il aurait fait la même chose s’il avait été à sa place ? Il n’en a aucune idée. Lorsqu’elle lui disait que son cœur s’était brisé au moment ou elle avait brisé celle de Nathan, il ne put la regarder et détournait son regard du sien. La pluie tombait mais cela ne lui faisait rien. C’était comme ci il était insensible à ce qui se passait autour de lui. Il ne répondit rien, car il ne savait tout simplement pas quoi dire là-dessus. Se demandant même si elle ne le détestait pas, après tout il avait eu tout ce qu’elle n’avait pas eu. Finalement la prenant par le bras, il ne comptait pas la lâcher. Il voulait des réponses et il les aurait. Elle pouvait le supplier autant qu’elle voulait, il ne l’entendait pas. Elle souffrait ? Tant mieux, lui aussi. Et il voulait que tout ca soit derrière lui une bonne fois pour tout ! Il la trainait jusqu’à la villa. Dans le salon, il vérifiait si son père ne s’était toujours pas réveiller, mais non rien. Toujours dans l’inconscience. Il finit par poser son regard sur Sunday, elle semblait vraiment en sale état. Un court instant il se disait qu’il était peut-être mieux de la laisser partir. Mais il effacait très vite cette pensée de sa tête. Il se tournait vers le bar.

_Je t’offre quelque chose à boire ?

Totalement hors contexte, mais il fallait bien faire quelque chose en attendant. Et Nathan avait envie de boire. Même si elle refusait de boire quoi ce soit, lui il prendrait quelque chose de toute facon. Alors qu’il était entrain de se servir une vodka, attendant la réponse de Sunday, son père se reveillait petit à petit. Ne comprenant pas directement ou il se trouvait et ce qu’il s’était passé, la mémoire lui revint assez vite. Surtout lorsqu’il voyait le regard remplit de colère de Nathan et puis lorsqu’il remarquait la silhouette de Sunday dans un coin.

Sunday aurait voulu s'enfuir, une nouvelle fois de la villa. Mais combien de mètres aurait elle parcouru avant que Nathan ne la rattrape? Elle ne parviendrait pas à partir d'ici ce soir, avant que tout ceci ne soit terminé.

Oui. Peu importe. Quelque chose de fort. Sans glace.

Il lui fallait bien ça pour se calmer, ne serait ce qu'un peu. Bien qu'elle se soit jurée de ne jamais sombrer dans l'alcoolisme comme son père, elle ne pouvait pas faire autrement. Saisissant d'une main tremblante le verre de vodka qu'il lui tendait, elle ne put le boire tout de suite, observant, totalement terrorisée Alan Heylen qui se réveillait de son inconscience. Lorsqu'il la regarda, elle réunit ses forces pour affronter son regard mais un pitoyable gémissement s'échappa tout de même de sa gorge, ce qui eut le don de le faire rire. Oui il riait de voir la jeune femme apeurée comme un lapin pris au piège. Ne lachant pas l'emprise qu'il avait sur elle en la regardant toujours, il demanda à son fils ce qu'ils attendaient de lui. Mais contre toute attente, ce fut Sunday qui prit la parole.

Nous voulons .. Nathan veut que vous lui racontiez la vérité. Au sujet de ce qu'il s'est passé il y a 18 ans au 93 Redhill Road au Texas.

Elle voulait en terminer avec tout ceci. Buvant d'un trait le verre de vodka elle le posa sur la table et pâle comme la mort, elle s'avanca vers lui, s'arrêtant à un mètre environ.

Que vous lui racontiez dans les moindres détails tout ce que vous m'avez fait ce soir avec mon père.

Alan Heylen semblait stupéfait et ne sut pas quoi dire, les regardant tour à tour, totalement destabilisé. Mais il savait déjà qu'il venait de perdre la partie. Et son fils. Baissant la tête, cela ne semblait plus lui faire le moindre effet lorsqu'il la releva.

Oui, j'avoue. J'ai baisé cette fille pour de l'argent. Elle n'était qu'une fillette à ce moment là mais c'était la seule chose que son père pouvait m'offrir pour éponger la dette qu'il avait parce qu'il buvait trop. Je me trouvais aux Etats Unis à ce moment là et entre ta mère et moi... Enfin, nous traversions une période difficile. Je me suis retrouvé dans ce bar et un homme était sur le point de se faire mettre à la porte s'il ne payait pas. J'ai donc accepté de lui donner l'argent et il m'a proposé sa fille unique en échange. J'étais ivre ce soir là et je dois avouer qu'elle était déjà magnifique. Une petite poupée!! Et je n'ai aucun regret de l'avoir fait. Si c'était à refaire, je le referais encore et encore.

Sunday regardait avec dégout cet homme qui l'avait regardé pendant qu'il lui racontait tout cela. Elle revivait à travers ce qu'il venait de dire tout ce qu'elle avait vécu cette nuit là. Ses mains sur son corps, la douleur et le sang quand il l'avait pénétré de toutes ses forces, les pleurs quand il était enfin parti une heure plus tard. Elle se mit à courir à l'extérieur, en proie à une crise de nerfs et de panique totale.

Servant un verre à Sunday puis à lui-même, il regardait son père tout en buvant une sacrée gorgée de sa vodka. Il ne disait rien et observait tout simplement la scène. Son père lui demandait ce qu’il y avait et ca fut Sunday qui répondit à sa grande surprise. Suivant du regard les deux personnes, son père finit par parler. Et au plus qu’il avançait dans ses mots, au plus que Nathan avait envie de courir très loin d’ici, de mettre ses mains sur ses oreilles et de chanter très fort, simplement pour ne pas entendre tout ca. Mais au lieu de se comporter comme un enfant de cinq ans, il se contenta d’écouter. Mais au fil de la conversation, il finit par s’accouder sur le bar, mettant sa tête entre ses mains. Ce qu’il était entrain d’entendre était l’horreur. Lui qui avait toujours essayé de ressembler à son père, voila qu’il venait de faire la découverte d’une facette tellement caché de son père qu’il aurait voulu jamais savoir. Il soupirait en continuant à écouter les paroles de son père. Qu’est-ce qu’il avait été aveugle de voir en lui un model, ce n’était qu’un gros pervers qui n’avait aucune honte de ce qu’il avait fait. Sunday semblait ne plus savoir se tenir et prit la sortie. Nathan soupira, il n’avait pas envie de lui courir après une deuxième fois. Il finit par poser son regard sur son père.

_Tu n’es qu’une ordure.

Terminant son verre, Alan Heylen finit par se relever petit à petit, son corps devait encore lui faire mal de la bagarre. Néanmoins il arrivait à la hauteur de Nathan et lui dit.

-Je ne voulais pas un jour que tu l’apprennes mais maintenant c’est fait et je suis content car je n’aime pas garder des secrets entre nous.

Nathan le fixait un court instant dégouté. Ce n’était pas cet homme là qui l’avait enseigné la vie, ce n’était pas son model. Non, l’homme qui se tenait devant lui était un parfait inconnu. Nathan passait à côté de lui pour aller à la recherche de Sunday, son père lui criait quelque chose, mais Nathan ne l’entendit pas.

Sous la pluie qui tombait plus forte que tout à l'heure, Sunday ne parvenait pas à regagner son calme. Dans son esprit, les visages de tous les hommes qui avaient profité d'elle repassaient sans cesse et elle crut qu'elle devenait folle.

Sentant une présence derrière elle, elle se retourna et gémit, ne parvenant pas à reconnaitre Nathan, tellement elle était paniquée. Elle se mit à le frapper au niveau du torse de toutes ses forces, ne s'arrêtant que lorsqu'il la bloqua, prenant ses poignets dans ses mains. Elle se laissa alors glisser sur le sol et pleurant le supplia de ne pas lui faire de mal et de ne pas abuser d'elle. Elle ne parvenait pas à se rendre compte qu'il s'agissait de celui qu'elle aimait, ne voyant que les visages de ceux qu'elle haissait tant à la place du sien.

Quand il la prit dans ses bras, elle n'opposa aucune résistance, n'ayant plus la moindre force en elle pour tenter de se défendre. Epuisée, elle se laissa aller à poser sa tête contre son torse et ne dit pas un mot tandis qu'il la déposait sur un lit, à ce qu'il lui semblait, à moins qu'il ne s'agisse d'un canapé. Sunday ne pouvait pas en jurer. Elle n'attendait qu'une chose : que cet homme fasse comme tous les autres. Pour elle, ils n'étaient bons qu'à ça, à prendre les femmes de force. C'était en partie pour ça qu'elle se donnait à eux. Ainsi, ils ne pourraient pas la prendre de force. La seconde raison, la plus importante était qu'elle essayait d'oublier Nathan dans les bras des autres. Mais dans les deux cas, cela restait inutile. Où qu'elle aille, il y aurait toujours des hommes pour abuser de la faiblesse des femmes.

Nathan ignorait ce qui pouvait bien se passer dans la tête de Sunday, mais lorsqu’elle se retournait vers lui elle commencait à lui donner des coups, lorsqu’il l’arretait, prenant ses poignets dans sa main, elle commencait à supplier de ne pas abuser d’elle. Secouant légèrement sa tête, il finit par la soulever et par la prendre dans ses bras, rentrant à nouveau dans la maison. Croisant le regard de son père, il lui dit froidement.

_Surtout tu la gardes fermer.

Il montait les marches de l’escalier, la gardant toujours dans ses bras. Il savait qu’elle risquait de prendre froid, mais il n’osait pas lui dire d’ôter ses vêtements et de se changer. Ainsi, il préférait la poser dans son lit et prit une grosse couverture pour la réchauffer. Il posa sa main sur son visage attristé par tout ce qui s’était passé. Finalement après l’avoir bien couvert, il appelait son chien, lui disant de rester près d’elle, puis ferma la porte et descendit les escaliers. Il prit les clés de sa voiture et d’un signe de tête il dit à son père de le suivre. Il n’avait pas envie de l’avoir encore une minute de plus chez lui. Et lui donner sa voiture pour partir, jamais ! Il tenait trop à cette bagnole ! Montant dans sa voiture, il attendit que son père monte à son tour, pour rouler en direction du restaurant ou il comptait le déposer avant de retourner chez lui. Le trajet se passait en silence… jusqu’à Alan finit par l’ouvrir.

-Que tu t’amuses avec elle ou que tu te lies d’amitié avec elle ne m’importe peu. Mais n’oublie pas ce qu’elle est… C’est qu’une pute gratuite. Rien de plus.

Trop fatigué à répondre et n’ayant tout simplement pas les idées claires, Nathan ne prit pas la peine de lui répondre. Son père prit sa pour une démonstration qu’il avait raison et ainsi il continuait à parler.

-Néanmoins j’avoue qu’elle est bien pour prendre de temps en temps un coup de plaisir. Mais ce n’est pas quelqu’un qu’on aimerait prendre comme femme. C’est une vraie machine à spermes. D’ailleurs je pense qu’elle a eu tout les hommes, tellement qu’elle est facile.

D’un coup sec, Nathan freinait à toute ses forces, son père qui ne prit jamais la peine de mettre sa ceinture se fit valser contre le par brise, une trace de sang lui coulait au long du visage, et Nathan se contenta de le regarder avec un air calme.

_Je sais bien ce qu’elle est. Je ne pourrais d’ailleurs plus la toucher, sachant cette vérité immonde. Alors tu devrais être content. La seule femme pour qui j’ai eu des sentiments est celle que mon corps refuse de ressentir à nouveau.

Remettant la voiture à nouveau en marche, gardant ses yeux rivées sur la route, tout en augmentant la vitesse, dépassant les limites permit il n’arrêtait pas à pousser sur le gaz. Son père mit vite sa ceinture et se crampannait déjà à son siège.

_Tu as tout détruit et je ne sais pas si j’arriverais un jour à te regarder à nouveau en face. Je ne sais pas encore si je vais raconter tout ca à maman. Néanmoins ne t’avise plus à la toucher et ne met plus tes sales pieds chez moi, car je te ferais arrêté pour viol d’enfant !

Son père ne lui dit rien, il avait trop peur que son fils fasse une connerie avec sa voiture, tellement qu’il semblait être en rage contre lui. D’un coup sec, Nathan freinait tout en tournant au voulant. Ses pneus se crispaient sur le sol, mais la voiture finit par s’arrêter. Son père en profitait pour redescendre, néanmoins avant de fermer la portière il finit par lui dire une seule chose.

-N’oublie pas de qui tu as ton argent….

Nathan ne lui répondit rien et redémarra la voiture, se rendant chez lui. Néanmoins il savait ce que son père avait voulu dire. Pour quelqu’un qui avait été éduqué dans le luxe et qui n’avait jamais apprit à épargner, vivre sans son luxe était le cauchemarde. Finalement il arrivait chez lui. Epuisé de toute cette histoire, il n’eut qu’une seule envie : se bourrer la gueule et s’endormir. Mais il savait que Sunday devait encore être chez lui, elle s’était surement endormi. Ainsi doucement il ouvrait la porte de la chambre à coucher.

Que se passait il? Pourquoi personne n'était là? L'homme qui l'avait amenée dans cette chambre était parti sans rien dire. Elle ne comprenait pas ce que cela signifiait mais une douce chaleur l'envahit. Elle sentit alors la douce couverture épaisse que l'on posait sur elle et ne comprit toujours pas. Mais elle savait que cette personne finirait par revenir. Non, elle ne voulait pas. Plus personne n'aurait son corps désormais, c'était terminé. Plus jamais.

Entendant le bruit d'une voiture qui démarrait, elle se leva aussitôt. Ne prenant pas garde au chien qui l'observait, elle descendit aussi silencieusement que possible les escaliers. Il n'y avait plus personne. Ne croyant pas en sa chance, elle regarda un peu partout mais toujours rien. Autant en profiter alors. Elle voulut quitter la villa mais la porte d'entrée était fermée à clef. Comment faire? Elle réfléchit longuement et ne trouva qu'une solution pour remédier définitivement à la situation. Mourir. Oui mourir et ne plus supporter ces souvenirs qui la dévastaient. IL y avait plusieurs possibilités. Mais Sunday voulait souffrir le moins possible. Lache ou tout simplement par peur de souffrir? Elle l'ignorait et s'en moquait le résultat serait le même de toute façon. Cherchant la salle de bains, elle ne trouva pas ce qu'elle cherchait et se rabattit sur un couteau. Oui, un couteau, ce serait propre et net et ça ferait moins mal que de se pendre ou de se jeter du second étage.

Remontant vers la chambre, elle resta assise, attendant le retour du bourreau. Fermant les yeux, des larmes s'en échappèrent tout de même en entendant la voiture revenir. Les pas montaient à présents dans l'escalier. Quand la porte s'ouvrit, elle montra le couteau appuyé sur son ventre et parla d'une voix tremblante.

Si vous vous approchez, je me plante ce couteau c'est bien clair?

Alors qu’il ouvrait doucement la porte de la chambre, elle se tenait là, à le regarder et avec un poignard dans sa main, prête à se tuer. Génial, voila qu’elle avait perdu la tête ! Nathan restait sur place, la regardait. Il était trop fatigué à jouer à ce petit jeu. Finalement il lui dit tout en s’approchant d’elle très doucement.

_Sun’… Tu sais que je ne te toucherais jamais. Donne-moi ce couteau. Je ne suis pas mon père.

Il ignorait complètement pour qui elle pouvait bien le prendre, mais il fallait qu’elle reprenne ses esprits. Il n’avait nullement envie d’appeler un psychiatre, parce qu’elle avait perdu les pédales suite à une rafale de souvenirs, qui étaient un peu sa faute. Vu qu’il l’avait obligé à rester ici. S’approchant toujours d’elle, il finit par faire un geste rapide, prenant ferment son poignet entre ses mains, l’obligeant à le laisser tomber à terre. Brutale ? Oui, certainement, mais il ne voulait pas être blessé et voulait encore moins qu’elle se suicide ! Et surtout pas dans sa chambre à coucher ! Jettant le couteau loin de lui, il regardait Sunday. Qu’est-ce qu’elle avait changé suite à ce qui s’était passé dans la ruelle. C’était comme ci cette barrière de vénin avait complétement disparut, laissant place à une fille perdu et brissée. Il prit doucement sa tête dans ses mains, la regardant dans les yeux.

_Tu ne dois pas avoir peur Sunday. Je ne te ferais rien. Et lui il est parti et il ne reviendra pas. Personne ne te fera encore du mal, tu ne dois plus avoir peur, c’est fini, je te le promet.

Doucement il la prit dans ses bras, lui caressant les cheveux, il la berçait doucement tout en lui disant qu’elle ne devait pas avoir peur que c’était fini. A vrai dire il ne l’avait toujours pas pardonné pour le mal qu’il lui avait fait, mais pour l’instant il n’y pensait pas. Pour l’instant il était trop préoccupé de rassurer, de savoir qu’elle allait bien.

Que faisait il? Pourquoi ne prenait il pas ces menaces au sérieux? Peut être n'en avait il rien à foutre d'elle et que sa mort ne le gênerait pas. Il lui faudrait juste éponger le sang et balancer son corps n'importe ou puis faire passer ça pour un vulgaire crime. Tout le monde la haissait ici, ce ne serait pas bien facile de trouver le coupable de toute manière.

Elle hurla quand elle vit qu'il était proche d'elle mais ce cri fut remplacé par un autre, de douleur cette fois quand il la désarma. Le couteau tomba sur la moquette, ne faisant aucun bruit. Ce ne fut que lorsqu'il prit sa tête entre ses mains, la forcant à le regarder droit dans les yeux qu'elle reconnut enfin Nathan.

Elle ne dit rien après ce qu'il venait de lui dire, tremblant et pleurant encore suite à ce qu'il venait de se passer dans le restaurant, la ruelle puis la villa. Elle qui avait tant cherché à réfuter son passé, à l'oublier définitivement, savait que désormais, une autre personne savait la vérité et elle se doutait qu'il s'en servirait contre elle. Ce ne serait que justice, après tout le mal qu'elle lui avait fait. Elle ne comprenait pas pourquoi il la consolait mais il le faisait tout de même. Pourtant, il lui avait bien dit qu'il n'était plus le Nathan d'autrefois. Ce qu'il était en train de faire démontrait pourtant le contraire. Elle se blottit contre lui, rassurée par sa présence même si elle savait que cela ne durerait pas.

Ca ne finira jamais Nathan.... Je suis tellement fatiguée de tout ceci. Si tu savais Ton père avait raison tout à l'heure dans la ruelle. Il aurait mieux fait de me tuer quand j'étais enfant. Ca aurait évité qu'on en arrive là. Ca m'aurait évité de te briser le coeur. Pardonne moi, s'il te plait. Ou laisse moi partir si loin et je te jure que tu ne me reverras plus jamais.

» Sunday Adams [Verif by Nathan]